Interview de présentation des créneaux adultes
Nous avions mis en place à Saint Gautier, dès la naissance du SGEC en 2014, un premier créneau adulte. C’était le principal moment où nous pouvions (les cadres) nous retrouver et grimper pour notre plaisir personnel. Nous avons bien entendu accueilli très vite de nouveaux adhérents novices, issus pour la plupart de nos cercles d’amis. Puis les amis des amis nous ont rejoints et de fil en aiguille les cercles de licenciés mais aussi de copains se sont agrandis.
Avec le lancement et la croissance rapide du club, bon nombre de cadres ont dû mettre en sommeil leur pratique individuelle et se concentrer sur l’accueil des plus jeunes de plus en plus nombreux. Cela a dégradé un temps la convivialité au sein de l’équipe et a généré un peu de lassitude de la part de certains.
En tant que président entre 2016 et 2018 j’ai soumis l’idée d’étendre et de relancer les groupes adultes. Même si les objectifs de cette initiative sont multiples, l’idée de recréer un moment de partage avec les copains a pesé lourd.
En 2019 nous avons fait une grosse campagne de recrutement auprès des adultes et cela pour deux raisons principales.
Tout d’abord l’escalade est un sport dont les pratiques sont si riches et si variées que tout le monde peut y trouver un intérêt quel que soit l’âge, le sexe ou encore le niveau. Quand on monte une association c’est que l’on s’inscrit dans une sorte de mission de service public, il est donc naturel de vouloir s’ouvrir au plus grand nombre et donc aux adultes, moins enclins pourtant aux activités physiques.
L’autre grande raison est liée justement au monde associatif. Nous sommes conscients que pour que le club s’inscrive dans la durée, sa gestion et son pilotage ne peuvent pas toujours être effectués par la même poignée de cadres. Il faut un roulement pour renouveler la dynamique et ménager les bénévoles. Nous formons tous les ans de nombreux jeunes (à partir de 16 ans) qui sont malheureusement amenés à s’éloigner assez vite pour diverses raisons, notamment pour les études. En intégrant de nouveaux adultes au sein de l’association, nous visons également le renforcement à moyen terme de notre équipe.
Enfin, à titre personnel, j’avais aussi besoin de retrouver une activité sociale plus raccord à mon « âge avancé ». En tant qu’enseignant, je passe beaucoup de temps auprès des enfants et des adolescents. J’adore mon métier et mes élèves mais j’apprécie de passer du temps avec mes potos et ce n’est pas si souvent. Les adultes sont vite autonomes, ça me permet aussi de me dégager un peu de temps pour grimper.
A saint Gaultier, Nicolas Fourgnaud et Stéphane Guilbaud se chargent d’accueillir les adhérents de longue date. Il y a un noyau solide et une ambiance quasi familiale. A Argenton sur Creuse, nous aurions dû être deux cette année mais mon binôme Christophe est reparti terminer sa thèse de paléontologie en Argentine. Même si officiellement je suis seul responsable sur le papier, je peux compter sur les autres cadres du club présents pour m’épauler, comme Cédric, Laurent ou encore Alexia. Lilian est en formation. Il prépare le diplôme d’initiateur et, à ce titre, il n’hésite pas à m’aider également.
Je ne sais pas ce qu’ils cherchent mais je pense savoir ce qu’ils peuvent trouver en nous rejoignant : une activité physique à la hauteur de leur niveau de forme et de pratique mais aussi de la convivialité et de la solidarité. L’escalade est un sport qui nécessite aussi certains apprentissages, comme par exemple les protocoles et les différentes manip’ de sécurité. Je crois que les adultes aiment bien aussi apprendre des trucs et développer de nouvelles expertises. De la même manière, j’observe que les conseils stratégiques et techniques que nous pouvons leur donner sont plus rapidement assimilés par eux que par les adolescents. Ils font les liens entre la théorie et la pratique plus efficacement. Nous avions discuté de cela longuement avec Nico et c’est la raison pour laquelle nous nous efforçons aussi de proposer à chaque séance un minimum de contenus, au moins pour ceux qui veulent.
Pour répondre à la demande, nous faisons davantage de « difficulté » (grime en corde) mais il nous arrive aussi de proposer de la vitesse ou encore du bloc. Ces deux dernières activités sont souvent plus populaires chez les jeunes. Pour les plus avancés/motivés, nous essayons de renforcer les compétences de grimpe en tête. Les adultes sont assez vite tentés par la falaise et comme ils sont plus autonomes et indépendants, il est utile de les former assez vite pour qu’ils puissent gérer leur pratique personnelle en extérieur en toute sécurité. La crise sanitaire a quand même bien déglingué notre calendrier mais nous envisageons sérieusement de relancer les sorties en plein air dès que possible.
Au contraire nous ratissons large ! Ce qui fait la richesse de ces créneaux adultes, c’est l’extrême hétérogénéité des adhérents. Les grimpeurs chevronnés grimpent volontiers avec des novices. L’entraide est inscrite dans le patrimoine génétique de l’activité.
L’escalade est aussi source de plaisir instantané. Il n’y a pas besoin d’être dans des enjeux de performance pour s’épanouir. Le simple fait de grimper est ludique ou motivant. Nos structures sont modulables à volonté et elles sont adaptées pour tous les profils de grimpeurs, même pour ceux dont les ressources physiques sont limitées.
Oui, nous sommes pleinement satisfaits. Les gens se réinscrivent massivement d’une année sur l’autre. Les créneaux adultes sont aussi vite saturés que ceux de l’école d’escalade. Comme nous laissons la priorité aux anciens adhérents nous sommes aussi obligés de refuser des adultes à chaque nouvelle saison. Avec notre politique de formation, nous espérons d’ici un ou deux ans pouvoir augmenter notre capacité d’accueil et contenter davantage de monde.
Interview réalisé par M.BUIL le 30 novembre 2020